À nous deux !
J'ai un peu l'impression quand même d'être une toute petite fille dans une grande, grande ville quand je lève les yeux de la route (look right look left, caution slippery floor) et que je vois des trucs comme ça :
Bah, je me dis, c'est comme le renard du Petit Prince, ça s'apprivoise... Alors, par exemple, je prends le métro toute seule (gageure : trouver l'entrée des stations sans se perdre au milieu des Street et des Road aux noms tous plus exotiques), ou je fais les courses sans l'aide de personne ("c'est facile, qu'il a dit le Dr Kong, le Park'n Shop International où tu trouves de la San Pellegrino, du Lindt à 99%, du café équitable et de la mozarella il est sur Queen's Road, à gauche en descendant Ladder Street, au 1er étage d'un immeuble." -"Ah bon.") Ben ça a beau être facile -et on a beau l'avoir déjà visité lors d'un de mes précédents séjours- j'ai galéré pour le trouver. Ne me demandez pas comment je me suis retrouvée dans un club de billard au troisième étage d'un autre immeuble (pas le bon), je ne le sais pas moi-même.
Sinon, pour faciliter le travail d'apprivoisement, je me sers du medium que je maîtrise le mieux (non, non, pas la langue anglaise, d'ailleurs Mister Kong fait semblant de ne jamais me comprendre dès que je lui cause dans la langue de Shakespeare, et quand je me tourne vers lui après avoir baragouiné deux trois phrases en angliche avec quelqu'un, en quête de son approbation, il me dit : "Oui, oui, tu t'es très bien débrouillée. Heureusement que je faisais des grands signes avec mes mains derrière toi pour sous-titrer un peu parce que tu aurais vu les yeux perdus qu'il me faisait en t'écoutant, mais sinon vraiment tu maîtrises parfaitement, ma chérie."
Donc, non, je parlais de la photo. Fixer les lieux et les gens sur la péloche histoire de me construire une carte mentale du quartier. Aller faire développer mes films et retourner les chercher une fois prêts au magasin (trois sorties par jour donc au bas mot :-D les filles de la boutique sur Stanley Street commencent à me connaître par coeur et elles ont beau être moyennement jouasses, je les aurai à l'usure -j'ai même réussi à tirer deux phrases et demi à l'une des deux en début d'après-midi, avec un sourire, youpi). Faire réparer mon Yashica et mon Taxona par un gars du coin pour continuer à faire du carré. Alors ça, ça valait son pesant de sauté de porc au noix de cajou : il a fallu grimper au 17e étage d'un immeuble (avec un ascenseur, hein, 'reusement !) pour dégoter la boutique et le type parlait trois mots d'anglais : il savait compter pour me donner un devis, et les dates pour me dire quand ça serait prêt, et c'est tout. Ah non, les composants de l'appareil aussi il les savait en anglais... On a pas idée de cacher les boutiques au 17e étage des immeubles ?
Je vous ai dit que j'avais fait la première photo chinoise de ma série Un homme et son chien : la voici en avant première rien que pour vous.
Je vous présente donc Shang et son chihuahua.
On avait pour projet d'aller faire un tour à Macao histoire de faire valider mon visa mais faute de temps (pour le Dr Kong) je vais me contenter d'aller faire un tour à Shenzhen avec le KCR (équivalent du RER). Et puis il fait absolument que j'aille visiter le cimetière à flanc de colline de Tsing Yi.
Photo toujours, j'ai découvert hier un chinois qui bosse au grand format et qui fait des choses absolument bluffantes, il s'appelle Chen Jiagang et il photographie des villes industrielles fantômes. Et puis vous entendrez peut-être parler de moi (si je commence pas à vous fatiguer avec mon histoire de "Heureuse qui comme Leo a fait un beau voyage" dans la newsletter et le numéro 3 de Square Magazine.
Ce sera tout pour aujourd'hui, folks :)