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Leo in HK
29 juillet 2010

Hey, China, just because I'm French...

doesn't mean I'm shit !

Je suis très, très déçue. Et très, très fâchée. Je boude. Et puisque c'est comme ça j'irai jamais faire du shopping à Shenzhen. Ni dire bonjour à l'expo universelle de Shanghai. Na !

Parce que figurez-vous que je viens de me faire refouler à la frontière chinoise, sous le seul et fallacieux prétexte que je suis française. Ne bougez pas, je vous explique.

N'ayant pas reçu à temps l'original de mon visa de travail hongkongais en France, je suis arrivée ici avec juste une photocopie, et suis donc en possession d'un visa touristique de trois mois. J'ai récupéré l'original de mon visa de travail (d'un an) sur place, mais il faut, pour le valider, sortir du territoire de Hong Kong, puis coller le dit papier sur mon passeport et le faire tamponner en repassant la frontière. Qu'à cela ne tienne, avons-nous pensé, un petit tour à Shenzhen, aux portes de HK, un espace où il fait bon être un touriste étranger qui veut faire marcher l'économie chinoise, et le tour sera joué. Je me rends donc ce matin en métro jusqu'à la station Kowloon Tong, où je prends l'East Rail Line (qui ressemble à un RER) jusqu'à Lo Wu, aux portes de la frontière chinoise. J'étais toute guillerette, les paysages de collines défilaient à travers les vitres du train, j'avais de la bonne musique dans les oreilles, et j'allais dire bonjour aux vrais Chinois de Chine.

À la station de Fanling, j'ai aperçu un père chinois en pantalon de costume, cravate, chemise blanche, chaussures cirées, flanqué de chaque côté d'un de ses fils, le grand (cravate trop longue) à droite, le petit à gauche. Idem pour eux : pantalon de costume, chemise blanche, chaussures cirées. Ils ont rejoint sur un banc de la station une petite fille en robe bleu clair à col large, socquettes blanches, escarpins, qui battait des pieds sagement, assise sur le banc. La mère, robe à fleurs et petit gilet de coton blanc, est bientôt venue compléter le tableau. Bonheur familial paisible : on aurait dit une famille catho du 6e arrondissement de Lyon, partie en goguette pour la messe du dimanche matin.

Un peu plus tard est monté dans le train un groupe de trois amis trentenaires, dont l'un ressemblait à Aménophis IV avec une légère barbichette et d'épaisses lunettes de vue, allongées, en plastique rouge.

À Lo Wu, je descends, remplis mon formulaire pour quitter Hong Kong, passe le guichet sans souci, me dirige vers le formulaire chinois, le remplis, attends pour le guichet chinois, et le type me dit : "Where's your visa ?" "I don't have a visa", je lui réponds. "Then get one there, second floor", qu'il rétorque. Je rebrousse chemin, monte un escalator, remplis une troisième fiche, prends un ticket avec un numéro comme chez le boucher, 46, on en est au 38, c'est bon, je m'assieds sur les sièges en métal. Il y a 3 employés derrière leur comptoir, ils sont là tous les trois, ils discutent, ils rigolent, ils vont, ils reviennent, ils tapotent sur leur ordi, ils ne font pas avancer les numéros. Je commence à perdre patience. Enfin, mon tour arrive, je tends mon ticket, mon formulaire et mon passeport, et le type me dit : "No visa. You're French." "What ??" je m'exclame. Alors il prend son air excédé genre "C'est bon ça me saoule de t'expliquer sale étrangère" et il sort une feuille plastifiée format A4 sur laquelle est marqué (en français) "Suite à des soucis bla bla bla, pas de visa pour les Français blabla". Et il me tend une feuille qui me donne l'adresse du bâtiment (à Hong Kong) où je dois faire ma demande préalable, moi sale française. J'ai attendu pour que dalle. Toutes les autres nationalités passent, pas moi.

Je redescends l'escalator, la mort dans l'âme, et je m'apprête à rebrousser chemin et à revenir à Hong Kong. L'officier ne veut pas me laisser passer. "Where's your Chinese visa ?" qu'il dit. "They didn't want to give me one, je réponds, des sanglots dans la voix. I'm French, see". "Go Line 28", qu'il dit. C'est la file d'attente "spéciale", pour les gens en échec, comme moi (je vous ai déjà dit que l'échec me met dans tous mes états ?) Et là, même topo : "Where's your Chinese visa ?" "I don't have one. I'm French". "Then you must go back to Hong Kong." "But he refused to let me go. Said I must come to you first." Le type me fait me mettre à l'écart (nouvel affront) et part demander à sa direction comment on gère ces saletés de Français. Maintenant, je pleure à chaudes larmes au milieu du terminal d'entrée. Ça doit être interdit par la police des moeurs de montrer ses émotions comme ça parce que les gens me regardent bizarre, même pas gentiment. Cinq minutes et quelques coups de téléphone plus tard, je suis autorisée à rebrousser chemin, et à rentrer sur HK, bredouille. Je montre mon passeport et mon visa du côté Hongkongais et me vois répondre "Sorry, you didn't go to China, I can't stamp your visa." Trop bien. Ben je vais reprendre le train, alors. C'était une belle matinée.

Quand j'ai rejoint le Dr Kong à midi cinquante, sous un soleil de plomb, j'étais vidée. Épuisée. À bout. Je lui ai dit : "on mange italien sinon je meurs." "Tu veux quoi ?", il a répondu gentiment. "Des pâtes", j'ai articulé dans un souffle. Ça allait nettement mieux après un plat de spaghettis aux boulettes :)

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Commentaires
B
cette mesure a été prise par le gouvernement chinois pour empecher les francais de travailler dans la zone economique de Shenzen. ils y sont déja tres nombreux...<br /> <br /> malheureusement t'en a fait les frais
C
Finalement, en France ou en Chine, administration, même combat !!!<br /> Bon courage, j'attends la suite...<br /> Christiane
C
Vraiment, c'est pas possible que ces Chinois puissent te traiter comme ça!!! Alors, comment tu vas faire??? Tu as une autre solution??? Heureusement que tu as un adorable Dr Kong (que j'embrasse au passage!), pour te faire des spaghettis au boulettes!!!<br /> Je t'embrasse bien fort!!!<br /> Clarélis<br /> PS: j'ai beaucoup aimé la "famille catho du 6e arrondissement de Lyon, partie en goguette pour la messe du dimanche matin"...on sent le vécu!!! Tu avais un appareil photo???
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